Etre payé pour écrire ?

Le monde de l’édition est un monde étonnant ! L’auteur, pilier de la création d’un roman, a pour habitude de travailler dans son coin, seul la plupart du temps, et gratuitement. Sans avoir même la certitude que le manuscrit sur lequel il travaille trouvera preneur chez les éditeurs. Potentiellement, et assez souvent d’ailleurs, l’auteur travaille pour rien.

Je n’ai pas l’intention de faire un article sur le mouvement #PaieTonAuteur. Si vous ne connaissez pas, je vous invite cependant à vite aller faire un tour, ici ou , pour avoir de plus amples informations. Malgré tout, je dois bien avouer que tout ce remue-ménage autour de la rémunération des auteurs reste une préoccupation prégnante. Étant hybride, je vois bien que d’un côté (l’édition classique) comme de l’autre (l’autoédition) le problème de la survie financière reste très présent. Rares, dans les deux camps, sont les auteurs qui peuvent vivre de leur plume sans passer par des activités annexes. Cela a toujours été ainsi et, pour dire vrai, cela parait normal au reste du monde. Lorsque des curieux me posent la question, en salon, ils ne formulent pas une question, mais une affirmation : « Vous n’en vivez pas, je suppose ? » C’est assez éloquent !

En autoédition, la plupart des auteurs éprouvent une certaine satisfaction à l’idée de ne pas donner une part trop importante de leurs revenus à une maison d’édition. Ils oublient cependant bien souvent de préciser qu’ils dilapident cette même part dans d’autres domaines (frais de déplacement, de salon, de publicité, …) et que finalement, ils n’y gagnent pas autant qu’ils veulent le faire croire, pour la plupart. D’un point de vue purement monétaire, j’ai l’intime conviction qu’il n’y a pas de bon clan. Pour vivre de sa plume (et uniquement de celle-ci) il faut vendre des tonnes de bouquins. Point à la ligne !

À moins que…

Je pense qu’il doit être possible de générer des micros revenus assez réguliers en publiant avec des chapitres, des nouvelles ou des textes courts sous un format proche du streaming. Que ce soit par abonnement ou en « pay per read » pour garder le modèle de la vidéo à la demande. Je ne sais pas encore comment cela pourrait se concrétiser pour un autoédité sans connaissance particulière en développement Web, mais il doit bien exister quelque part, des solutions clé en main, compatible avec cette idée. (Si vous en connaissez, je suis preneur ^^)

Du côté des éditeurs, un anglais, Jonathan de Montfort, a eu l’idée révolutionnaire (si, si !) de payer des auteurs ! Dis comme ça, on pourrait croire que je me moque, mais non. Il propose un salaire mensuel de 2 000£ par auteur. Mieux, il y ajoute un mentor, un éditeur et des formations. Le principe serait de recruter un écrivain comme on recrute un développeur informatique. À savoir, on le sélectionne selon ses compétences, on l’embauche et on lui demande de créer du code (ou des livres). Je vous vois déjà froncer les sourcils dans le fond ! En effet, lorsqu’un codeur est recruté, il cède les droits d’auteur à son employeur. À quoi De Montfort Literature (DML) répond qu’il vous reversera 50% des bénéfices. En gros, vous partagez vos droits d’auteur.

Bonne idée ?

Est-ce vraiment un bon plan ? L’avenir nous le dira, mais c’est une nouvelle porte qui s’ouvre pour la rémunération des auteurs et cela permettra aux heureux sélectionnés de travailler leur texte sereinement en sachant que chaque mois un salaire tombe alors que l’écriture est leur seule activité. Je ne connais pas le détail du contrat et la Society of Authors a déjà émis des réserves sur ce système, appelant les candidats à la prudence.

Toujours est-il que DML me semble avancer dans la bonne direction. Pour rappel, aujourd’hui en France, les éditeurs tris les manuscrits en ne choisissant que ceux qui leur semblent « valoir le coup ». Autrement dit un texte moyen, même prometteur, ne sera pas publié. Dans le meilleur des cas, l’auteur recevra une lettre d’encouragement le priant de bien vouloir retenter sa chance lorsqu’il aura progressé. Selon moi, une maison d’édition ferait son travail correctement en sélectionnant ce texte et en donnant à l’auteur un coach qui le guidera pour améliorer sa plume. Autrement, il n’y a pas de plus-value et la meilleure solution est alors, en effet, l’autoédition. Si certaines maisons d’édition (Beta Publisher par exemple) propose des ateliers d’écriture et des packs pour progresser, cela ne rentre pas encore dans le processus de recrutement d’un auteur et c’est dommage.

DML montre donc un excellent exemple, au moins dans la mentalité. Affaire à suivre donc…



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